Le projet / À propos


Le projet de recherche-création Hypercodex : édition et hybridité à l’ère post-numérique est inspiré par les mutations profondes actuellement à l’œuvre dans la pratique du design graphique, entre objets tangibles et expériences augmentées permises par ces objets.

C’est la dimension non linéaire du texte ponctué d’hyperliens, de l’image numérique stockée sous une forme binaire, et à travers eux, de la publication augmentée, qui nous intéresse. La question des processus génératifs en design graphique et de la variabilité en typographie sera abordée par le biais d’allers-retours entre l’extrapolation sans fin permise par l’outil numérique et la tactilité (expérience augmentée ultime, s’il en est ?) rendue possible par l’objet physique.

Afin de permettre un rebond entre ces deux mondes, notre procédé de création se concentrera sur la mise en place de systèmes de programmation, analogiques ou numériques, favorisant une part d’aléatoire. Le titre Hypercodex fait référence au codex, ancêtre de notre livre moderne, et à la notion de code, renvoyant à la fonction première de l’inscription. Ce terme est aujourd’hui indissociable des idées de chaîne numérique, de domaine computationnel et de langages de programmation, ces combinaisons de caractères qui commandent une action. Le préfixe hyper quant à lui fait référence au mot hypertexte des années 1990, un texte « débarrassé de la contrainte de la linéarité, qui explose dans l’espace de gauche à droite, de haut en bas, qu’on peut examiner de multiples points de vue » (Alessandro Barrico). Le terme de post-numérique ne suggère ici pas que l’ère numérique est terminée, mais plutôt que l’ensemble de nos expériences actuelles est dorénavant teinté de cette réalité qu’il est devenu impossible de laisser de côté.

Le projet Hypercodex est dirigé par Judith Poirier et Amandine Alessandra dans le cadre du laboratoire TAO à l’École de design de l’UQAM, avec le précieux soutien financier du FQRSC. Le site web a été conçu par Amandine Alessandra et Myriam Bourbeau, et programmé par Jérôme Rigaud. Les polices de caractères sont Neue Montréal de Pangram Pangram et LoRes d’Emigre.

Objectifs du projet : 

1/ brosser un portrait actuel des pratiques hybrides en édition, particulièrement à travers la typographie et l’image, navigant avec fluidité entre papier et numérique ; 

2/ développer des techniques expérimentales d’impression qui se détachent de la fonction archivale originelle en embrassant l’impermanence ; 

3/ concevoir et réaliser une série de livres hybrides, entre objets physiques et expériences virtuelles, qui prendront forme au fil des ateliers de création et d’émulation. Cette exploration des possibles aller-retour entre mondes tangibles et immatériels permettra d’appliquer au design graphique les notions de variabilité, d’éphémère et de mouvance perpétuelle, rendues possibles par l’outil numérique, non figé, contrairement au papier.

En faisant dialoguer savoir-faire traditionnels et pratiques émergentes, ce projet se veut un terreau fertile à la collaboration multidisciplinaire entre chercheur·euse·s, étudiant·e·s et expert·e·s. Il offre un cadre propice à la concrétisation d’idées innovantes en design d’édition tout en redonnant une place aux techniques d’impression, en croisant des procédés tels que presse typographique, risographie, image médiatique, programmation et réalité augmentée. Implanté au laboratoire TAO de l’École de design, lieu d’expérimentation interdisciplinaire en typographie et en édition, « Hypercodex » offrira une opportunité unique de formation à de jeunes créateurs-chercheurs en design jumelés à des étudiant·e·s de cycles supérieurs issu·e·s d’autres disciplines (création littéraire, programmation, histoire de l’art médiatique).